Le bon roi René
Impossible de se rendre à Aix-en-Provence sans entendre parler du « bon roi René », comme les Provençaux appellaient celui qui ne fut pourtant jamais roi. Ce ne fut pas faute, pourtant, de cumuler les titres ! Duc de Bar, Duc d’Anjou, comte du Maine, comte de Provence et - très provisoirement - roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, il fut l’un des plus importants seigneurs du royaume de France au XVe siècle. Il fut aussi l’ami du roi Charles VII, son beau-frère, aux côtés duquel il participa à la Guerre de Cent Ans. Pendant les dix dernières années de sa vie, le bon roi René partagea son temps entre l’Anjou et la Provence, où son amour des arts fit des merveilles. Passionné de l’Italie et des artistes de la Renaissance, il fit en effet venir à Aix-en-Provence des peintres de première importance, créant la première école de peinture d’Aix, avec notamment Nicolas Froment et Barthélémy d’Eyck. Vous pouvez admirer le chef d’œuvre de ce dernier, le triptyque de « L’Annonciation », dans l’église de la Madeleine, tandis que le « Buisson Ardent », signé du premier, est visible dans la nef de la cathédrale Saint-Sauveur.
Pour la petite histoire, le bon roi René avait souhaité que, après sa mort, sa dépouille soit rapatriée à Angers, auprès de celle de sa première femme, Isabelle de Lorraine. Il souhaita toutefois que ses entrailles soient conservée à Aix-en-Provence, dans le couvent des Grands Carmes. Mais les Aixois, très attachés à leur roi, firent pression sur sa seconde épouse pour qu’il reste auprès d’eux. Celle-ci dut donc ruser pour respecter ses dernières volontés : elle cacha la dépouille dans un tonneau et la fit remonter à Angers en toute discrétion !
En hommage à ce grand mécène et protecteur de la ville, les Aixois commanderent à David d’Angers (XIXe siècle) une statue qui fut installée sur le cours Mirabeau.